Sauver nos biens communs culturels!

Les images de l’incendie de Notre-Dame de Paris ont fait le tour du monde. Par sa place dans l’histoire et dans la religion, mais aussi dans les arts et la culture populaire, dans la littérature, au cinéma, dans la peinture, dans la miniature médiévale comme dans le jeu vidéo, la cathédrale est un symbole auquel chacun.e associe ses souvenirs et ses espérances. L’émotion, le vaste élan de soutien populaire en France, en Europe et au-delà, montrent la place qu’elle occupe dans les cœurs et les esprits. L’incompréhension, aussi. Comment est-il possible, au début du troisième millénaire, que l’un des monuments les plus célèbres au monde soit la proie des flammes ?

L’enquête seule révélera les causes et les responsabilités dans l’incendie. Mais cela appelle à quelques réflexions plus générales sur la situation du patrimoine culturel en France. Il y a plus de 43 000 monuments historiques en France, dont plus de la moitié appartiennent aux collectivités territoriales, qui sont donc responsables de leur entretien. Un tiers d’entre eux sont des édifices religieux. L’État en possède moins de 4%, dont les cathédrales, même s’il participe largement au financement des restaurations.

Autrement dit, même si l’État a fait un effort pour le budget du patrimoine ces dernières années, la baisse de la dotation des collectivités territoriales, ajouté au poids croissant de la cette des communes, fait que les principaux acteurs du patrimoine sont de moins en capacité de financer l’entretien de leurs monuments, encore moins les restaurations qui s’impose. On pourrait dire la même chose des collections de musée, des archives, de l’archéologie… partout, la lente dégradation financière ne permet pas d’assumer dans de bonnes conditions la conservation du patrimoine culturel.

Par ailleurs, si l’État conserve une mission de contrôle, il n’est pas toujours en mesure de l’assumer, faute de pourvoir ses directions régionales de l’action culturelle (DRAC) en personnel scientifique et technique suffisant pour l’assumer. La loi sur la sécurisation renforcée des chantiers de restauration, réclamée par nombre de profesionnel.les du patrimoine, n’est toujours pas à l’ordre du jour. Les restaurateurs et restauratrices d’œuvre d’art vivent dans une précarité croissante, malgré le prestige attaché à la profession, et n’ont toujours pas un statut légal bien défini. On pourrait ainsi multiplier les exemples : au-delà du drame de Notre-Dame, il y a la lente détérioration du patrimoine culturel dans son ensemble, causée par le manque de moyen et l’absence de législations adaptées.

 Cette situation n’est pas propre à la France. On la retrouve, sous des formes variées, dans les autres pays de l’Union européenne. Le poids de la dette publique et les politiques d’austérité pèsent lourdement sur les capacités des états à intervenir en matière de patrimoine. L’Union européenne est de plus en plus sollicitée en dernier recours, alors même que son budget est limité et que la législation européenne en manière de patrimoine est essentiellement faite de textes à caractère non contraignant. L’autre menace qui se profile de manière grandissante est liée à la pollution, dont les effets sont redoutables sur les monuments et les sites archéologiques, et la dégradation climatique, sujet d’inquiétude croissante pour les professionnell.es du patrimoine. L’héritage culturel de l’humanité n’est pas une sphère étanche, séparée des  grands problèmes de la planète.

Derrière les grands effets d’annonce et les têtes d’affiche du patrimoine, il y a une réalité quotidienne plus sombre, un certain pessimisme qui s’installe sur la possibilité de préserver notre patrimoine à long terme. Le patrimoine culturel coûte cher et, sauf exception, il ne rapporte pas grand-chose. Dans un monde dominé par la rentabilité et le profit, il constitue un bien commun de l’humanité qui ne peut être réduit à sa valeur marchande.  Il est temps, en France comme dans toute l’Europe, d’inverser le mouvement et de se doter de vastes programmes politiques et financiers pour transmettre aux générations futures le patrimoine dont non avons hérité. En mettant l’accent sur le caractère public, commun, du patrimoine culturel et en proposant de renforcer le budget en sa faveur, le programme du Printemps Européen va dans ce sens.

Nicolas Dessaux, conservateur du patrimoine, membre du DSC Lille et candidat de DeME, aile électorale française aux élections européennes sur la liste citoyenne du Printemps européen menée par Benoît Hamon.

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