Notre nouveau mouvement international va combattre le fascisme émergent et les globalistes

Le Sénateur Bernie Sanders, ancien candidat aux présidentielles américaines(à l’élection présidentielle ?), et Yanis Varoufakis, co-fondateur de , exhortent aujourd’hui les progressistes du monde entier à former un mouvement international de lutte contre la montée de l’autoritarisme représenté par Donald Trump. ((article de Yanis Varoufakis paru dans The Guardian du 13/09/2018)

 
Les nationalistes vont de succès en succès. Si nous comprenons leur ascension nous pouvons aussi les arrêter.
On se souviendra de notre époque comme celle de la marche triomphante de l’extrême droite s’unifiant à l’échelle globale —formant une internationale nationaliste— sortie de la fosse septique du capitalisme financier.
Se rappellera-t-on également de notre époque pour avoir relevé avec succès le défi de la résistance humaniste contre ce fléau ? Cela dépend de la propension et de la capacité des progressistes des Etats-Unis, d’Europe, du Royaume Uni, ainsi que de pays tels que le Mexique, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, de forger une Internationale Progressive cohérente.
Le défi n’est pas sans précédent.
Les fascistes ne sont pas arrivés au pouvoir dans l’entre deux guerres en promettant de la violence, des guerres ou des camps de concentration. Ils sont arrivés au pouvoir en s’adressant à de braves gens qui, après la crise sévère du capitalisme, avait été traités pendant trop longtemps comme du bétail qui a perdu sa valeur marchande. Au lieu de les traiter comme des miséreux, les fascistes les ont regardés droit dans les yeux en leur promettant de restaurer leur fierté, leur offrant l’amitié et leur donnant la sensation de faire parti d’un idéal plus grand, leur permettant ainsi de se considérer autrement que comme consommateur souverain.
Cette injection d’estime de soi était accompagnée de mises en garde contre « l’étranger » à l’affut menaçant leur espoir à peine ravivé. La politique du « nous contre eux » a pris le dessus, blanchi de caractéristiques de classes sociales et défini exclusivement en termes identitaires. L’angoisse de perdre son statut s’est transformé en une tolérance aux abus des droits, d’abord de ces « autres » suspects puis contre tout autre et tout dissident. Bientôt, avec la perte de contrôle de l’establishment sur la gestion politique en déclin sous le poids de la crise économique causé par lui-même, les progressistes finissaient marginalisés ou en prison. A ce moment-la tout était fini.
N’est est-ce pas ainsi que Donald Trump a pris la Maison Blanche et est en train de gagner la guerre discursive contre l’establishment du parti démocrate ? Cela ne fait-il pas penser aux Conservateurs Brexiteers qui subitement appréciaient le Nation Health Service dont ils avaient eux-mêmes coupé les financements des décennies durant, ou encore le fait qu’ils embrassent si hardiment les valeurs démocratiques que le Thatchérisme avait subordonné à la logiques des forces du marché ? N’est-ce pas la façon d’agir des gouvernements d’extrême droite en Autriche, Hongrie et Pologne, celle de l’extrême droite nazie grecque de l’Aube dorée et, de manière plus poignante encore, celle de Matteo Salvini, l’homme fort aux commandes du gouvernement italien ? Où que l’on regarde, partout on voit les manifestations de cette résurgence d’une Internationale nationaliste ambitieuse, telle que l’on ne l’avait pas vue depuis les années 1930. De même que l’establishement qui se comporte comme s’il était enclin à répéter toutes les erreurs de la république de Weimar.
Mais cessons le diagnostic. La question pertinente est désormais : que devons-nous faire ? Une alliance stratégique avec l’establishment des globalistes est hors de question. Tony Blair, Hillary Clinton et l’establishment de la social-démocratie de l’Europe continentale sont trop compromis par leur liens monétaires au capitalisme financier dégénérescent et l’idéologie qui l’accompagne. Durant des décennies ils se sont appuyés sur un populisme du libre échange : la fausse promesse que chacun s’en sortira mieux tant que nous nous soumettrons à la marchandisation du monde. Ils aimeraient nous faire croire en un ascenseur infini qui nous mènerait dans les hauteurs de la satisfaction du consommateur, mais cela n’existe pas.
Le 1929 de notre génération, qui s’est produit en 2008, a anéanti cette illusion. L’establishment a persévéré, comme s’il était possible de réparer les choses avec une combinaison d’austérité pour le plus grand nombre, une forme de socialisme pour la minorité aisée et de l’autoritarisme général. Et pendant ce temps, l’Internationale nationaliste a embrassé la victoire, propulsée par l’insatisfaction galopante. Pour contrer cette puissance, les progressistes doivent spécifier très précisément les causes et la nature de l’insatisfaction et de la révolte des peuples : notamment l’intense guerre des classes que mène l’oligarchie globale contre le précariat bourgeonnant, contre ce qui reste du prolétariat occidental et, en général, contre des citoyens plus faibles.
Ensuite nous devons démontrer que la seule manière pour le plus grand nombre de reprendre la main sur nos vies, nos communautés, nos villes et nos pays, est de coordonner nos luttes le long de l’axe d’un New Deal Internationaliste. Nous ne pouvons pas autoriser le capital financier global à continuer de laminer nos sociétés et nous devons expliquer que nul pays n’est une île. Tout comme le changement climatique nous demande d’agir autant localement qu’à l’échelle internationale, il en va de même pour la lutte contre la pauvreté, la dette privée et les banquiers voyous. Pour illustrer le fait que les taxes ne sont pas la meilleure façon de protéger les travailleurs, puisque la plupart du temps elles permettent l’enrichissement d’oligarchies locales, nous devons faire campagne pour des accords commerciaux qui engagent les gouvernants de pays plus pauvres à légiférer pour des salaires minimapour leurs travailleurs et pour garantir des emplois localement. De cette manière les communautés peuvent être ravivées tant dans les pays riches que dans les pays plus pauvres.
De manière plus ambitieuse encore, notre Internationale progressiste doit proposer une International Monetary Clearing Union tel que l’avait proposé John Maynard Keynes durant la conférence de Bretton Woods en 1944, qui contenait également des restrictions bien pensées des mouvements de capitaux. En rééquilibrant salaires, commerce et finance à l’échelle globale, cela réduira tant la migration involontaire que le chômage involontaire, et par conséquent la panique morale quant à la liberté de circulation sur la planète.
Et qui rassemblera cette Internationale progressiste dont nous avons si désespérément besoin ? Fort heureusement les initiateurs potentiels ne manquent pas : Bernie Sanders avec sa « révolution politique » aux Etats-Unis, le parti travailliste de Jeremy Corbyn, notre mouvement Democracy in Europe (DiEM25), le président élu du Mexique, les éléments progressistes de l’African National Congress, les différents mouvements qui combattent la bigoterie et l’austérité en Inde.
Commençons dès aujourd’hui. D’autres suivront ce mouvement lorsque haine et colère céderont la place à un espoir rationnel.
Nous avons sollicité Bernie Sanders pour commenter ce texte de Yanis Varoufakis, voici sa réponse :
Yanis Varoufakis a entièrement raison. En ces temps d’inégalités globales massives des revenus, d’oligarchies, d’autoritarisme et militarisme émergeant, nous avons besoin d’un mouvement International Progressiste pour contrer ces menaces. Il n’est pas acceptable que les 1 % les plus riches possèdent d’avantage que les 99 % moins riches, que des corporations multinationales et les plus riches stockent 21 000 milliards dans des paradis fiscaux pour éviter de payer leur part équitable de taxes et d’impôts et que l’industrie de l’énergie fossile continue de détruire la planète parce que les pays ne sont pas capables de collaborer de manière efficace pour lutter contre le changement climatique.
Pendant que les très riches s’enrichissent encore et encore, les peuples à travers le monde travaillent plus longtemps tandis que leurs salaires stagnent et qu’ils s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants. Les autoritaristes exploitent ces anxiétés économiques en créant des boucs émissaires et en montant un groupe contre l’autre.
La solution telle que Varoufakis la désigne est un agenda international progressiste qui rassemble les gens qui travaillent autour d’une vision d’une prospérité partagée, d’une sécurité et d’une dignité pour tous les peuples. Le sort du monde est en jeu. Allons de l’avant ensemble, maintenant !
 

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