L’élection de Bolsonaro est le résultat odieux de la machine infernale inventée par des élites pyromanes pour broyer la démocratie brésilienne. Après le coup d’Etat contre Dilma en 2016 et l’incarcération de Lula en 2018, le pays sombre dans une ère d’incertitudes et de violence extrême.
En tant que membre de la Coordination nationale de Diem25 France, j’étais hier soir à Saõ Paulo aux côtés du PT, de la gauche brésilienne et de mouvements politiques venus en soutien de plusieurs continents.
Nous étions rassemblés autour de Fernando Haddad et de Manuela d’Avila pour signifier au monde entier qu’une victoire électorale bafoue les aspirations d’un peuple quand elle repose sur la haine raciale, la misogynie et la désinformation. Ces appels au crime ont été prononcés sur fond de détournement systématique des institutions judiciaires. Ce projet n’a pu l’emporter que par la coercition et le mensonge. Ces élections viennent donc acter la fin du régime constitutionnel brésilien.
La tension était palpable toute la soirée, nourrie par des sentiments de rage et d’impuissance face à la victoire annoncée du « pire des pires candidats ». Les pages les plus sombres de l’histoire du Brésil se figeant sur le visage des anciennes générations. Une explosion de colère a suivi les premières paroles de Bolsonaro, déblatérant sans un sourire un discours insipide, distillant son venin contre les socialistes, les communistes, comme s’ils n’avaient pas contribué, ces vingt dernières années, à la prospérité du Brésil, comme si les présidents Lula et Dilma n’avaient pas ouvert le peuple brésilien à un horizon plus juste, dans un souci permanent pour l’humanité toute entière.
Pour rendre hommage à leur oeuvre politique, encore palpable et reconnue, ici au Brésil, je partage avec vous ce court extrait d’une soirée électorale hors du temps, où nous étions à la fois écrasés par la marche implacable de l’Histoire, et sommés de nous relever pour poursuivre ce long et interminable combat pour la justice sociale et la dignité humaine.
Peu avant l’arrivée de Fernando Haddad et de Manuela d’Avila, un sifflement s’est fait entendre, une mélodie familière au Brésil, puisqu’elle marqua l’accession au pouvoir de Lula, une mélodie qui prit hier soir des airs de chant des partisans, et qui fut suivie d’un hommage appuyé à Dilma Rousseff, victime de cette machine infernale qui frappe aveuglément.
Aux chants de joie a succédé une minute de silence, pour Marielle Franco, lâchement assassinée à Rio, et pour toutes celles et ceux que l’histoire retiendra comme les premières victimes d’un régime raciste.
Ce jour est à marquer d’une pierre noire. La résistance doit s’amplifier et se mettre en ordre de marche de part et d’autre de l’Atlantique.
Nous autres citoyens et citoyennes d’Europe avons un devoir de solidarité envers le peuple brésilien.
En d’autres temps, Stefan Zweig, fuyant une civilisation en lambeaux, fut accueilli sur ces terres généreuses, aux couleurs riches de vies et de rythmes.
Soyons prêts à accueillir celles et ceux qui seront persécutés par le régime de Bolsonaro, et engageons nous aux côtés de toutes les forces qui sont entrées en résistance pour faire cesser la violence aveugle qui règne désormais sur ce pays.
Il en va de notre humanité, comme de notre planète.
L’impuissance de la gauche brésilienne doit également nous alerter sur nos propres capacités à nous mettre en ordre de bataille, ici en Europe, pour faire reculer l’extrême-droite et combattre les politiques qui alimentent cette machine infernale, dont l’algorithme frauduleux se compose de haines et de mensonges.
Nous pouvons encore agir, avant que ces logiques mortifères nous enferment nous aussi dans le sentiment douloureux et stupéfiant d’être dépassés par les événements.
Félix Blanc (DiEM 25 France)
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