L’abondance de richesse signifie une santé supérieure : la vraie nature du capitalisme lors de l’épidémie de COVID-19.
Avec 208 pays et territoires touchés, le coronavirus peut être considéré comme une menace majeure pour la vie telle que nous la connaissons. La santé et la sécurité devraient être les préoccupations principales des gouvernements européens lors d’une pandémie. Mais des gouvernements ont tenté de maintenir la stabilité économique sans prendre de mesures adéquates, ce qui entraîne des répercussions économiques à plus long terme.
Malgré le fait que le virus soit un phénomène mondial causant des dommages aux personnes vivant dans les zones touchées, certains en ressentent les effets plus durement que d’autres. De nombreuses données en matière de santé, comme l’espérance de vie et le diabète, peuvent être étroitement liées aux disparités économiques, ce qui nous montre à quel point la prospérité est un facteur important pour le bien-être d’une personne. Nous sommes en fait dans un état de crise permanent, car le système permet à des groupes sélectifs de pouvoir bénéficier de meilleures conditions de santé que d’autres. Le philosophe Ralph Waldo Emerson a dit un jour : « La première richesse est la santé » — mais dans un monde imprégné de capitalisme, il semble que le premier facteur de santé soit la richesse.
L’histoire des droits sociaux en Europe occidentale
A l’époque de la révolution industrielle, la classe ouvrière pourrait être décrite comme le dirait Karl Marx : « simples propriétaires de leurs capacités physiques et mentales, exploitant leur propre corps pour du travail salarié ». Ils se trouvaient piégés dans une relation malhonnête avec leur employeur qui possédait les moyens de production. Dans le cadre des contrats formels ou informels conclus entre les deux parties, le salaire du travailleur devait être maintenu à un niveau bas pour maximiser l’accumulation de la richesse et des profits. Comme l’État n’avait aucun, ou très peu, de pouvoir pour intervenir dans les règles de l’entreprise, les gens devaient faire face à des horaires de travail allant jusqu’à 16 heures dans des circonstances inhumaines, ce qui entraînait des conditions de vie périlleuses pour le travailleur.
Avec le temps, les conditions de travail en Europe occidentale se sont nettement améliorées. Non pas grâce au bon coeur des employeurs, mais grâce à l’action énergique des syndicats européens et d’autres mouvements qui se sont battus pour les droits sociaux. Cela a déclenché des manifestations qui réclamaient une semaine de 40 heures ainsi qu’une augmentation des salaires. Ces manifestations ont entraîné la mise en œuvre active d’une réglementation sociale universaliste sur la questions des soins de santé et de l’assurance sociale.
Bien que nous devions chérir ces réalisations, nous devrions également garder à l’esprit que ces structures sociales qui ont été mises en place ont déjà été érodées par la montée du néolibéralisme au sein du continent européen. Le récent Indice global des droits 2019 de la CSI a démontré que les droits des travailleurs européens à « créer ou rejoindre un syndicat » se sont considérablement détériorés depuis le dernier recensement de 2018.
Le fossé se creuse entre les riches et les pauvres
Alors que la recherche montre qu’il y a eu une réduction des inégalités socio-économiques entre les années 1930 et 1970 en Europe, depuis le milieu des années 1970 elles ont à nouveau augmenté de manière significative. La précarisation du travail affecte la plupart des gens en raison de l’augmentation des contrats à zéro heure ou à temps partiel. La déréglementation du marché du travail et la « modernisation économique » sont les principales causes de cette tendance, laissant les travailleurs moins bien payés dans des situations plus incertaines avec moins d’avantages sociaux pour soutenir un niveau de vie décent. La crise financière de 2008 n’a fait qu’accélérer la détérioration des conditions de travail, provoquant un stress croissant au travail, ainsi que des réductions de salaires.
Ces inégalités existantes en matière de santé sont encore exacerbées par la crise du coronavirus et son impact économique. Les célébrités et les politiciens utilisent leur argent et leur influence pour tenter de se procurer des respirateurs dans un contexte de pénurie, tandis que les groupes déjà vulnérables – comme les prisonniers ou les sans-abri – sont plus susceptibles aux problèmes de santé qui les rendraient vulnérables au COVID-19.
Aux États-Unis, le rapport de l’État du Michigan sur l’analyse des cas de coronavirus selon la race montre que les Afro-Américains sont non seulement plus susceptibles de contracter le virus, mais aussi d’en mourir. Comme l’a tweeté Alexandria Ocasio-Cortez le 3 avril dernier, « bilan habituel : la discrimination, le racisme environnemental, l’écart de richesse, etc. sous-tendent les conditions de santé. L’inégalité entraîne des affections concomitantes. » En Europe, il a également été signalé que les déterminants de la santé sont multidimensionnels et nécessitent une approche holistique. La politique sanitaire et sociale doit être combinée avec la politique économique pour avoir un impact.
Comme on peut le constater, l’inégalité socio-économique s’était déjà aggravée en Europe avant l’arrivée du virus COVID-19. C’est précisément sur ce terrain propice à l’inégalité qu’il s’est propagé et est devenu de plus en plus meurtrier. C’est un fait que les personnes à faible revenu ont plus de mal à économiser de l’argent et bénéficient moins des avantages liés à leur emploi, comme l’assurance maladie ou les congés de maladie payés. En conséquence, ces personnes ont à peine assez d’argent – ou pas du tout – pour subvenir à leurs besoins pendant les crises et sont donc moins adaptées pour se prémunir des conséquences de l’épidémie.
Le caractère indispensable de la classe ouvrière
Ce sont justement les personnes ayant des emplois vitaux mais mal payés comme les caissiers, les infirmières, les livreurs, les chauffeurs de bus et les travailleurs qui risquent leur santé pour continuer à fournir des services essentiels à leurs concitoyens. Ceci nous oblige à repenser « de qui on peut se passer » au milieu de cette crise.
Si l’on prétend souvent que les CEO sont irremplaçables, ne sont-ils pas aussi « remplaçables » que les personnes qui se trouvent maintenant en première ligne de la pandémie, faisant tout ce qui est en leur pouvoir pour lutter contre l’épidémie ? Est-il juste qu’un CEO en Europe gagne parfois 171 fois le salaire d’une infirmière, d’un chauffeur de bus ou d’un ouvrier ?
Dans des périodes comme celle-ci, la seule distinction entre les emplois réside dans la différence de revenus, les avantages socio-économiques et les effets économiques et physiques néfastes sur les travailleurs moins bien rémunérés, contrairement à ces effets sur les personnes à haut revenu. Dans le monde après le coronavirus, nous devrons tirer les leçons de ces expériences en réclamant avec constance plus de justice sociale pour les classes défavorisées en nous organisant régulièrement, comme cela a été fait par le passé.
Les prochaines étapes
En gardant ces réalités à l’esprit, nous voyons maintenant clairement la fragilité de notre système économique.
Le « pilier européen des droits sociaux » affirme que : « Toute personne a le droit de recevoir en temps utile des soins de santé préventifs et curatifs de bonne qualité, à un prix abordable ». Pourtant, de nombreux pays européens luttent aujourd’hui contre le nouveau coronavirus et subissent les effets dévastateurs des mesures d’austérité néolibérales imposées à la santé publique au cours des dernières décennies, de la baisse des taux de recrutement au gel, voire à la réduction des salaires des infirmières.
Nous n’oublierons pas les carences de nos systèmes de santé, exposées par la pandémie COVID-19 – le mois dernier, notre mouvement a appelé à « une santé publique gratuite et universelle pour tous » ! Mais surtout, une restructuration urgente et radicale de l’UE est nécessaire. C’est pourquoi DiEM25 propose un plan en trois points pour lutter efficacement contre la récession, et les crises futures.
Ce plan consiste en :
- l’émission d’un trillion d’euro-obligations de la BCE,
- l’octroi d’un paiement de solidarité européenne en espèces de 2000 euros à chaque Européen, lui donnant la capacité de stimuler l’économie autour de lui et
- l’introduction d’un Programme Européen de Relance et d’Investissement Vert pour tourner résolument le dos à l’austérité, au manque d’investissements et à la diminution des emplois de qualité.
Les mesures mentionnées ci-dessus ne sont que les premiers pas vers le changement pour une Europe dominée par la cupidité et le capital des multinationales. Mais avec ces premiers pas, une nouvelle Europe verra le jour.
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