Depuis plusieurs semaines, des centaines de milliers d’Algériens de toutes les régions du pays et à l’étranger sont descendus dans la rue pour s’opposer à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, Président de la République Algérienne depuis près de vingt ans, en incapacité physique de gouverner.
Cette mobilisation, sans précédent dans l’histoire récente de l’Algérie, rejette une candidature entachée d’irrégularités, l’élimination par intimidation d’autres candidats, et un régime anti-démocratique qui se maintient au pouvoir en dépit de la volonté de la grande majorité du peuple algérien. Malgré leur profonde colère, les Algériens ont montré une remarquable maîtrise en manifestant pacifiquement et ont fait preuve de l’humour légendaire du peuple algérien.
Au-delà du caractère grotesque de cette candidature, les Algériens rejettent un régime qui, depuis des décennies, a érigé le népotisme et la corruption en système. Caractérisé par son opacité et par la pratique du mensonge et de la désinformation, ce régime, qui a longtemps acheté la paix sociale en s’appuyant sur une rente pétrolière aujourd’hui réduite, n’a pas su développer une économie à la hauteur des ressources du pays ni fournir à la population des opportunités d’emploi, particulièrement pour la jeunesse. C’est aussi cette jeunesse – très nombreuse – qui n’a pas connu d’autre dirigeant que Bouteflika, qui descend massivement dans la rue.
Prompts à s’exprimer à propos d’autres pays, les états de l’Union Européenne sont restés étonnamment silencieux. Tétanisés par la peur d’un impact – hypothétique – sur les flux migratoires, ils préfèrent, comme ailleurs en Afrique, soutenir un régime autoritaire et corrompu. Ils justifient ce soutien par la nécessité d’établir un rempart contre le terrorisme islamiste, alors même que l’absence de démocratie et les pratiques d’accaparement des richesses du pays par ce régime alimentent celui-ci.
Nous saluons le courage du peuple algérien et nous exprimons notre solidarité avec ses aspirations démocratiques. Sans aucun esprit d’ingérence, nous appelons les états de l’Union Européenne à ne pas soutenir le régime en place en Algérie et à s’exprimer en faveur de la démocratie, notamment en faisant pression sur le gouvernement algérien pour qu’il ne réprime pas violemment les manifestations et pour qu’il établisse un dialogue avec la société civile algérienne.
L’Algérie est un partenaire naturel de l’Union Européenne et un allié stratégique pour la construction d’une zone euro-méditerranéenne de paix et de prospérité. L’attitude de l’Union Européenne face aux événements actuels sera déterminante pour les relations futures avec ce pays. Plutôt que de soutenir les débris d’un système déliquescent, nous devons entendre l’appel démocratique du peuple algérien et faire le pari de l’avenir !
Cette déclaration fait suite à l’initiative et à la demande du Collectif national français de DiEM25.
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