Nous avons appris avec stupéfaction et consternation que la France prenait la tête d’une coordination de 14 pays pour bloquer un projet de directive européenne allant dans le sens de l’égalité homme/femme.
Ce n’est pourtant pas si souvent que l’on peut se féliciter d’un projet de directive européenne allant dans le sens de l’égalité. C’est le cas du projet visant à équilibrer le recours aux congés parentaux entre les hommes et les femmes dans toute l’Europe européenne, qui devait être examiné au Conseil européen le 25 mai. Malheureusement ce projet risque de ne pouvoir être examiné en raison de l’opposition de 14 pays, opposition dont le gouvernement Macron assume la coordination ! Raison invoquée : le coût de la mesure.
Que prévoit le projet ? Il réaffirme le droit à un congé paternité de dix jours actuellement en vigueur pour certain pays comme la France et l’introduit pour d’autres qui ne possèdent aucune disposition destinées aux pères. Il précise en outre qu’ « afin d’éviter toute discrimination entre les couples mariés et non mariés et les couples homosexuels et hétérosexuels, le droit au congé de paternité devrait être octroyé sans préjudice de l’état matrimonial ou familial tel que défini par le droit national », ce qui constitue une nette avancée progressiste.
Il introduit également un congé d’aidant de cinq jours pour soutien à un parent malade.
Enfin et surtout, il rend possible la prise quatre mois de congé parental pour chaque parent jusqu’au 12 ans de l’enfant, dans toute l’Union européenne. Ce congé parental est indemnisé sur la base de l’indemnité maladie la sécurité sociale – soit près de 50% du salaire. Ce qui constitue un progrès très net sur l’actuelle possibilité de congé parental indemnisé à 396 euros/ mois. Ce congé est cumulable (chacun des deux parents peut le prendre successivement) mais non transférable : le parent renonçant à le prendre ne peut en faire bénéficier l’autre parent. C’est une avancée importante, les études montrant que les droits des pères aux congés sont massivement transférés aux mères, perpétuant ainsi une répartition des rôles archaïque.
Ce projet va dans le sens du partage des responsabilités de l’éducation des enfants entre hommes et femmes, et constitue une avancée importante pour l’égalité homme/femme : il n’existe actuellement pas de législation de l’UE régissant le congé de paternité ou les congés pour s’occuper de proches malades ou dépendant. De nombreux États membres n’ont pas de formules de congés payés pour les pères. La compensation à hauteur de 50% du salaire se veut incitative vis-à-vis de ces derniers, et vise à améliorer le partage des tâches éducatives et domestiques et lutter contre la discrimination des femmes à l’emploi.
Alors que l’égalité homme/femme a été proclamée « grande cause du quinquennat », ce blocage du gouvernement français cautionne les politiques régressives pour les droits des femmes à l’œuvre dans plusieurs pays dirigés par la droite populiste. En s’alliant notamment avec la Hongrie de Viktor Orban (qui s’est distinguée pour la récente distribution de manuels scolaires officiels expliquant que « les femmes sont bonnes pour la cuisine, leur rôle c’est de s’occuper de la maison et de faire des enfants »), il donne un très mauvais signal non seulement à l’ensemble des forces œuvrant pour l’égalité homme/femme mais aussi à l’ensemble des démocrates européens qui combattent la dérive populiste et réactionnaire de certains pays membres .
Quant à l’argument du coût de la mesure, il est à la fois fallacieux et emblématique des priorités du gouvernement. Au moment précis où le gouvernement français s’affirme à nouveau celui des très riches en renonçant aux recettes l’ « Exit Tax », ce blocage d’une mesure égalitaire au nom de son « coût » relève d’une nouvelle provocation.
Cette tentative de blocage est non seulement une preuve de cynisme absolu, mais aussi une insulte au combat pour les droits des femmes. DIEM 25 s’y oppose vigoureusement et soutiendra toute initiative pour la combattre.
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