Le dépassement européen

Refonder l’Europe démocratiquement, provoquer une renaissance politique et sociale à l’échelle continentale ne se fera ni en un jour, ni par des jeux de legos politiciens.
Depuis le début de l’année 2016, DiEM25 a entrepris un long et méthodique travail de construction d’une alternative véritablement paneuropéenne.
D’abord par l’édification d’un mouvement transnational, démocratique, radical fort aujourd’hui de 70000 membres. Ensuite par la rédaction participative d’un programme économique, social, écologique et politique réaliste pour redonner aux peuples d’Europe le pouvoir et l’espoir dans un projet commun. Enfin par l’organisation d’une plateforme électorale et programmatique d’organisation des élections européennes, le Printemps Européen, avec la volonté de ne pas laisser les élections européennes de 2019 devenir le territoire d’expression des seuls libéraux austéritaires et des souverainistes autoritaires.
Cette dernière initiative, le Printemps Européen, est emblématique de l’exigence et du dépassement nécessaire pour espérer porter un projet européen de gauche à un niveau de rapport de forces efficace.
Aucun véritable projet post-capitaliste, écologique, féministe, assis sur le partage des richesses, le multiculturalisme, l’utilisation des technologies pour le bien commun, le refus de la marchandisation de toutes choses n’a jusqu’à présent été élaboré au niveau européen.
Face à ce constat difficile et parce que nous voulons faire émerger un espoir de changement, nous voulons faire preuve de dépassement créatif, de courage intellectuel et d’endurance.
Le fondement ontologique de la crise que nous vivons se trouve dans le processus de mondialisation en cours. Les libéraux organisent à leurs profits cette évolution historique, les nationalistes et les religieux s’en servent comme d’un repoussoir, les peuples la subissent ou n’en bénéficient que très marginalement et les gauches restent enfermées dans leurs frontières mentales et territoriales.
Nous, nous affirmons que notre projet, incarné dans cette séquence par la plateforme du Printemps Européen est d’emblée transnational, conçu par des Européen-ne-s pour des Européen-ne-s afin d’être une réponse globale intégratrice politiquement, distributrice démocratiquement, égalisatrice socialement, salvatrice écologiquement.
Nous ne pensons plus nationalement, nous en avons assez des batailles locales face à des pouvoirs mondialisés où le seul horizon est la défaite héroïque à ranger sur l’étagère des désillusions. C’est à ce dépassement, qui crée les conditions de la puissance et qui implique de ne pas s’abandonner à des gains politiques à court terme, que s’engagent les organisations qui participent au Printemps Européen. Oui, nous participerons à une élection mais sur des principes élaborés par la discussion, l’échange et l’accord avec d’autres Européens et dans le but de construire un ensemble plus grand, plus fort, plus stable que nos pays respectifs.
L’Union européenne et la paix retrouvée à partir de la seconde partie du XX ème siècle sont des acquis qu’il faut préserver en les faisant évoluer. Que l’UE soit gouvernée par une technostructure illégitime, inféodée à travers les lobbies aux pouvoirs économico-financiers, que la domination par la dette qu’exerce cette caste sur les peuples soit la source de fractures de plus en plus insupportables, nul ne peut en douter mais nous refusons pour autant d’en rendre responsable le projet d’intégration politique européen. Nous sommes des fédéralistes qui affirmont que c’est le manque d’intégration, d’harmonisation, de protection qui pervertit cette construction historique.
C’est maintenant, alors que le fascisme se saisit de cette faiblesse pour se ruer sur les chancelleries, que nous devons avoir le courage de défendre l’Europe comme un espace de droit et de démocratie comme nul autre. Et d’affirmer que sa désintégration censée restaurer (qui soi-disant restaurera) les souverainetés nationales n’aura qu’une conséquence : l’affaiblissement des économies, l’accroissement des pauvretés, les durcissements identitaires et racistes menant à la guerre.
La dramatisation de la venue de migrants n’est qu’une sinistre répétition du théâtre des égoïsmes et surtout des opportunismes des populistes pour reprendre un pouvoir perdu, ce à quoi nous opposons un principe d’accueil inconditionnel au nom des valeurs communautaires.
Le projet de DiEM25 et du Printemps Européen est le réinvestissement démocratique des institutions européennes et signifie donc une réconciliation avec les peuples enfin représentés, enfin réunis. Perspective insupportable aux libéraux qui veulent garder les citoyens éloignés des centres de décision et aux nationalistes qui veulent garder les citoyens éloignés les uns des autres.
Encore une fois, les organisations qui composent le Printemps Européen, pour la plupart d’essence nationale (à part DiEM25) se voient confrontées à la courageuse démarche de lire le monde à travers un prisme beaucoup plus large qui pourrait dérouter leurs bases électorales. Nous croyons que c’est la clarté, la cohérence et la radicalité européenne du projet qui (affirmera) garantira sa validité et son honnêteté.
Jacques Brel a écrit un jour :
« Il y a deux sortes de temps : y a le temps qui attend et le temps qui espère. »
La construction d’une force européenne capable de parler et d’agir à la même échelle que la Commission est à l’œuvre : le Printemps Européen permet désormais à la gauche européaniste en Allemagne, au Portugal, en Italie, en France, en Pologne, en Belgique, au Danemark, en Suède, d’entrer dans cette temporalité, celle du temps qui espère.
C’est un temps méthodique, patient mais implacable.
Nous procédons par étapes. D’abord la diffusion des idées progressistes. Depuis l’automne, de Naples à Copenhague en passant par Lisbonne, Paris et bientôt Varsovie, le Printemps Européen réunit ses membres et accueille dans chaque pays de nouveaux participants. C’est à chaque fois l’occasion d’avancer sur la rédaction du programme lors de séances publiques.
Ensuite, la publication et l’échange. Au terme d’une année, à l’automne 2018, un document finalisé sera disponible et accessible à tous. C’est sur cet acquis et avec les organisations, mouvements, associations, individus qui auront rejoint le Printemps Européen que nous partirons en campagne à travers l’Union européenne qui nous est si chère.
Dans la stratégie du Printemps Européen, les élections ne sont précisément qu’un printemps. Notre cycle est à la fois plus long et plus patient. Il se traduit dans les étapes de construction mais aussi les phases structurelles du programme du Printemps Européen.
Le contexte culturel est difficile pour un projet européaniste mais sauf à accepter la guerre ou l’aliénation sociale perpétuelle nous sommes convaincus que la dimension raisonnable et radicale de notre projet l’emportera. C’est pour cela que les membres du Printemps Européen se consultent et se rendent compte mutuellement sur d’éventuels engagements locaux en matière de coalition ou de prise de position. Ce rapport a pour but de trouver des rythmes et des méthodes communes par-delà les histoires et les cultures de chacun.
Non seulement nous voulons, nous membres de DiEM25 participants au Printemps Européen, apporter l’espoir d’une Europe renouvelée, mais avec lui l’outil organisationnel et politique pour le réaliser.
 
 
Frédéric Kalfon est membre de la Coordination Française de DiEM25

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