Depuis 2010, la Grèce fait figure de rat de laboratoire européen en matière de crise financière. Elle a été la cuisine expérimentale des politiques néolibérales et des politiques d’austérité dure, désintégrant le tissu social et éliminant ce qui restait de l’État-providence tout en donnant naissance à des mouvements et partis d’extrême droite et en accroissant manifestations de xénophobie, fascisme et misanthropie. Depuis l’été, c’est au tour du gouvernement issu du parti Nea Demokratia incarne ces tendances, notamment au travers de son slogan « retour à la normalité », qui ne sert que de voile pudique à la montée de l’État policier et au renouveau de l'(ancien) dogme « loi et ordre ». [En lire davantage ici et ici].
Mais les Grecs résistent. Au travers de grandes manifestations antifascistes, de concerts contre la répression mais aussi dans leur vie quotidienne, les composantes progressistes de la société luttent ardemment en faveur des valeurs humanistes, des droits de l’Homme et de la solidarité. Être témoin des centaines et milliers de ces résistants est en soi porteur d’espoir. Cependant, l’espoir est aussi synonyme d’incertitude et l’incertitude de peur. Nous, progressistes, ne devons pas nous laisser consumer par la peur. La réponse à nos craintes et à nos incertitudes ne doit pas uniquement être la résistance. Comme le résume avec élégance Naomi Klein, membre du comité consultatif de DiEM25, dans le titre de son livre, « Dire NON ne suffit pas ». Notre réponse devrait s’accompagner de l’imagination créatrice et audacieuse d’un monde nouveau, d’un monde juste.
Le néolibéralisme et le capitalisme nous ont privés de notre imagination. La conception thatchérienne « La société n’existe pas » (« There is no such thing as society« ) a marqué la transition entre une conception basée sur le tissu social et celle basée sur l’individu, avec des effets durablement néfastes sur notre langue, notre culture, notre compréhension des communautés. Vivant en silos, il devient à chacun d’entre nous difficile de s’ouvrir aux solidarités. Au fur et à mesure que la peur prend le dessus, nous perdons de vue notre horizon et le tissu social de plus en plus abîmé par le néolibéralisme nous pousse plus encore à nous enfermer dans l’individualisme. Nous sommes obligés de nous concentrer sur notre propre survie personnelle, en abandonnant nos rêves et luttes en faveur d’une société plus juste. La crise économique est devenue crise sociale et, in fine, crise de notre propre imagination.
De même que les Grecs refusent d’abandonner, les autres Européens refusent également de se rendre. Non seulement nous résistons, mais nous braverons tout en osant imaginer un avenir meilleur. Comme l’a dit Yanis Varoufakis, » nous devons aller au-delà des appels à plus de démocratie… nous devons maintenant inspirer les gens en proposant une vision de ce qui succédera au capitalisme « . Ne permettons pas que la Grèce devienne à nouveau un rat de laboratoire politique pour l’Europe de demain: l’annonce d’un État/continent policier, d’une Europe de frontières et d’une UE autoritaire. Au sein de DiEM25, nous croyons en une maison commune, nous sommes convaincus qu’il existe un espace pour une véritable vision post-capitaliste. Comme l’a montré la récente Assemblée de DiEM25 à Prague, nous croyons fermement en l’action collective, en la solidarité et en l’espoir de surmonter ensemble nos peurs et nos incertitudes.
Travaillons-y ensemble !
Aris est membre de DiEM25 et coordinateur du DSC New York
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