Alors que le taux général de redistribution des richesses de la Suède est relativement élevé, ce pays est un véritable repoussoir sur la question d’une réforme des retraites autour d’un système de points, comme l’indique Henri Sterdyniak, de L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) .
En effet, des années après une réforme de ce type, la situation y assez catastrophique : les retraités y gagnent environ 15 à 20 % de moins que les actifs en moyenne, alors qu’en France leurs revenus sont à peu près égaux. Pire, la proportion de retraités vivant en dessous du seuil de pauvreté du pays est de 16 %, contre 8 % en France. La crainte du fait qu’un système à points paupérise les retraités semble assez fondée lorsque l’on regarde ce que cela donne dans un pays plus « riche » et censément plus redistributeur que la France.
14 % : Encore une logique de « critères »
Il est clair, comme le montre le décryptage fait par France Info, que Delevoye applique une logique comptable de bloquage voire de compression de la dépense sur la question des retraites en affirmant qu’il serait bon de limiter celle-ci à 14 % du PIB du pays. Son argument étant que le PIB serait en constante progression, ce qui est visiblement contestable, et reviendrait à indexer les pensions sur la croissance, y compris de façon négative en cas de récession !
L’autre option indexant les pensions sur les salaires est à peine plus rassurante, car ceux-ci ont augmenté ces vingt dernières années légèrement plus que l’inflation, garantir la même évolution tient de la superstition, avec la possible crise de la dette italienne par exemple. Ce projet est en accord avec les recommandations de la Commission Européenne et du Conseil de l’Union Européenne qui préconisent pour la France des dépenses de retraite qui « devraient en représenter 13,8 % en 2022, avant d’évoluer dans une fourchette comprise entre 11,8 % et 13,8 % à l’horizon 2070, suivant le taux de croissance retenu pour l’évolution dans le temps du PIB et de l’emploi ». Encore une fois c’est la volonté de réduire la dépense publique, ici en la transférant vers une capitalisation individuelle et donc inégalitaire au possible, à travers des produits financiers qui rapportent de l’argent aux banques et aux assurances, qui se cache derrière le faux-nez de l’Union européenne. Les banquiers et les assureurs français ou européens ont obtenu de l’UE qu’elle valide leurs désirs de profits.
L‘Europe n’est pas la cause, elle est le lieu politique où se valident les décisions qui nous concernent, et c’est précisément en luttant ensemble à ce niveau que les travailleurs et les populations du continent peuvent briser la logique de l’austérité. La lutte au niveau national peut payer un temps comme le montre la victoire provisoire des travailleurs de Belgique de 2018, qui a su profiter du calendrier électoral pour mettre la pression sur les partis de gouvernement, mais seule une lutte internationale peut changer pour de bon le cours des choses, en modifiant profondément les préconisation politique et budgétaires de l’Union elle-même. L’austérité, sur la question des retraites comme sur la précarité, la santé ou les privatisations des services publics et des protections sociales, est un problème européen au sens où c’est bien à Bruxelles que se noue l’alliance des riches et de leurs États contre les populations.
- Germinal Pinalie (Collectif national Diem25 France)
Voulez-vous être informés des actions de DiEM25 ? Enregistrez-vous ici!