« C’est discutable » : Est-il temps de redistribuer la richesse ?
John Donvan, le présentateur de Intelligence Squared [L’intelligence au carré], anime une discussion entre l’ancien secrétaire américain au travail Robert Reich, l’ancien secrétaire au trésor américain Lawrence H. Summers, l’ancien ministre grec des finances Yanis Varoufakis et Allison Schrager, membre éminent du Manhattan Institute. Ils apparaissent dans l’émission « C’est discutable ».
Robert Reich décrit les résultats de ses recherches dans les États de la « Rust Belt », « la ceinture de rouille », tels que le Minnesota, le Wisconsin et le Missouri, où il a mené des groupes de discussion flottante libre. En réponse à sa question « Qui soutenez-vous dans la prochaine course à la présidence ? », il a été surpris d’entendre que la plupart des gens parlaient de leur penchant pour Donald Trump et Bernie Sanders « dans la même phrase ».
« Ce que j’ai découvert après avoir écouté leurs histoires – de ces gens de la classe moyenne, de la classe ouvrière dans “la ceinture de rouille” – ce que j’ai entendu d’eux, c’est : « Nous voulons quelqu’un qui va secouer les choses, nous voulons quelqu’un qui est contre le pouvoir en place, nous voulons quelqu’un qui sera de notre côté ». En d’autres termes, ce que nous avons créé dans ce pays, grâce à l’énorme pouvoir des grandes richesses, concentrées dans les mains de quelques-uns, grâce au pouvoir des grandes entreprises, c’est une concentration des pouvoirs, en termes de capacité politique à obtenir ce dont ils ont besoin – les gens de ce pays pensent que le jeu est truqué et ils sont prêts, encore et encore, à soutenir quelqu’un qui, selon eux, va faire tomber la structure du pouvoir. C’est une recette pour l’instabilité ».
En réponse à une question sur les « compromis » de la redistribution des richesses, le modérateur a affirmé que celle-ci pouvait engendrer le maximum de coûts tout en offrant le minimum d’avantages. A cela, Yanis Varoufakis a répondu que les asymétries au sein du système capitaliste actuel sont trop importantes pour ne pas être prises en compte. En effet, elles laissent tous ceux dépourvus de leurs droits fondamentaux sans « armes » pour se défendre dans les « arènes de gladiateurs » où ils doivent se battre pour survivre. C’est ce qu’il affirme :
« Si la vie sous le capitalisme ressemblait au sprint du 100 mètres aux Jeux Olympiques, il serait bien sûr absurde de demander aux athlètes les plus rapides de ralentir ou de les empêcher d’aller vite en soutien ou en solidarité avec ceux qui sont à la traîne – ce serait absolument ridicule et personne ne voudrait regarder cette course. Mais la vie ce ne sont pas les Jeux Olympiques. Elle ressemble davantage de nos jours à l’arène romaine dans laquelle des gladiateurs très bien armés font face à des victimes sans armes, des victimes qui sont vaincues non pas parce qu’elles n’ont pas suffisamment essayé ou parce qu’elles n’étaient pas assez intelligentes mais parce qu’elles sont désarmées en raison de l’asymétrie dans la distribution initiale des armures (de la richesse) ! Je pense que nous savons cela depuis un certain temps maintenant, n’est-ce pas ? Vous voyez, on ne peut plus compter sur le travail acharné pour sortir les gens de la pauvreté – c’est ça la tragédie de ces 30 dernières années ».
Il fait ensuite part de « son type de socialisme » dans lequel le véritable esprit de compétition peut être réellement invité à s’épanouir.
« Laissez-moi vous parler de (…) mon type de socialisme. Le genre d’idéal qui m’enflamme. Ce serait un parallèle sportif, mais pas avec les Jeux Olympiques, mais avec la ligue nationale de football – votre NFL. Où, dans l’intérêt de la compétition et non de l’équité, les équipes sont soumises à un plafond salarial sévère et les meilleurs joueurs (les meilleurs jeunes joueurs) sont obligés de s’engager dans les équipes les plus faibles. En empêchant l’équipe gagnante de monopoliser les meilleurs joueurs, les contraintes de la NFL libèrent le véritable esprit du socialisme. C’est ça le but du socialisme – qui est la NFL – vivre ensemble avec des marchés en phase avec une concurrence sévère – ce qui correspond à la NFL – ce qui est, je pense, un bon modèle pour l’avenir ».
Texte traduit en français par Sonja Grbavac.
Voulez-vous être informés des actions de DiEM25 ? Enregistrez-vous ici!