Photo Emmanuel Brossier

Notre Dame des Landes : soyons heureux, optimistes… et vigilants !

Annoncé le 17 janvier dernier, l’abandon du projet de l’aéroport de NDDL par le gouvernement est une excellente nouvelle qui marque l’aboutissement d’un combat vieux de 50 ans. Cependant, plusieurs points doivent encore être clarifiés avant de pouvoir pleinement crier victoire.
Le gouvernement a su réévaluer le projet de construction de l’aéroport dans son contexte actuel de développement économique et urbain, dont les besoins ont grandement évolué par rapport à ceux d’il y a 50 ans. Le parti pris du développement de l’aéroport existant de Nantes Atlantique, de concert avec le réaménagement de celui de Rennes et la multiplication des transports ferroviaires qui relient le Grand Ouest à la capitale, apparaît comme une alternative fiable, réaliste et suffisante.
Reste la question de la ZAD, cette Zone d’Aménagement Différé devenue Zone A Défendre, cette « zone de non droit », comme la désigne Édouard Philippe dans son discours du 17 janvier, et de ses quelques 300 habitants squatteurs devenus permanents au cours des 10 dernières années. Sans leur présence défensive, nul doute que l’aéroport aurait vu le jour. En collaboration avec les agriculteurs qui s’opposent depuis le début au projet aéroportuaire, ces squatteurs ont su faire de la ZAD un lieu d’expérimentation sociale, écologique et agricole, et comptent bien continuer. Pour nombre d’entre eux, les projets de la ZAD vont bien au-delà du combat contre l’aéroport. C’est donc là que se trouve le nœud de la discorde, car pour beaucoup – et en premier lieu le gouvernement – l’occupation de ces terres par les zadistes est d’autant plus injustifiée sans la menace de l’aéroport.
De fait, le gouvernement réclame l’évacuation de la ZAD à la fin de la trêve hivernale, le 30 mars prochain, et demande la libération dès cette semaine des routes départementales qui traversent la ZAD et sur lesquelles la circulation est actuellement limitée par des chicanes et des barrages de pneus et cabanes diverses qui débordent sur les voies. Alors que les occupants refusent de quitter la ZAD, l’ensemble des comités de soutien à NDDL sont néanmoins en cours de délibération pour mettre au point le dégagement de ladite « route des chicanes » sans intervention extérieure, et se montrent ainsi prêts à trouver des compromis. Face à la présence en masse des forces de l’ordre qui multiplient les contrôles aux abords de la zone, les zadistes préviennent toutefois qu’ils se réservent le droit de reprendre cette route sitôt qu’une menace d’expulsion se ferait sentir.
Une des premières conséquences de l’abandon de l’aéroport sera la restitution des terrains aux agriculteurs expropriés, qui sont encouragés à reprendre les activités agricoles selon leur volonté. Le premier ministre a indiqué que « de nouveaux projets agricoles pourront être proposés à partir du mois d’avril ». Ces termes encore très vagues laissent sous-entendre que tout est encore possible. C’est donc un long bras de fer qui s’annonce, avec des acteurs aux intérêts divergents : d’une part, les zadistes, avec leurs projets agricoles anti-conventionnels, d’autre part ceux parmi les propriétaires agricoles qui souhaiteraient reprendre leur activité là où ils l’avaient laissée, sur lesquels s’ajoutent différents lobbys. Avant d’expulser qui que ce soit, le statut des nombreuses parcelles de la ZAD doit être connu : sont-elles occupées, ou appartiennent-elles à des agriculteurs qui sont partis et qui souhaiteraient revenir ?
On ne peut que souhaiter que tous les acteurs parviendront donc à se mettre d’accord afin d’aboutir ensemble à des compromis permettant à chacun d’y trouver son compte, et que NDDL puisse devenir un lieu de création pérenne et que les pratiques agricoles à venir continuent de s’inscrire dans une dynamique de respect de l’environnement et d’agroécologie, à l’image des collaborations qui sont nées entre les zadistes et les agriculteurs restés pendant les années de lutte. Espérons que l’État saura rester à l’écoute de toutes les volontés, et ne perdra pas de vue l’importance écologique de cette zone humide, trop souvent reléguée au rang des arguments les moins prioritaires (pas un mot sur l’importance écologique du bocage nantais n’apparaît dans le discours du premier ministre). C’est pourtant pour préserver ce bocage que tant de personnes se sont battues ; or leurs efforts pourraient être réduits à néant si les décisions des prochains mois cèdent face aux pressions de ceux qui ne se préoccuperaient que des profits immédiats d’une agriculture intensive. Comme le dit Hervé Kempf, de Reporterre, une voie prometteuse serait celle « d’une société foncière commune aux paysans et habitants de la zone, recevant une forme de concessions des terres qui appartiennent à l’État ».
Une chose est certaine : l’emploi de la force par l’État pour évacuer les zadistes refusant leur expulsion rencontrerait une puissante résistance non seulement de la part des habitants de la ZAD, mais aussi de la part de tous ceux qui les ont soutenus et qui se sont engagés à venir les défendre le jour où le besoin s’en ferait sentir. Ne reproduisons pas le fiasco de l’opération César, qui pourrait bien se terminer en drame, non sans rappeler le terrible accident de Rémi Fraisse.
Tirons des leçons de ces décennies de lutte ! Il va de soi qu’il est préférable d’éviter l’émergence de nouveaux chantiers à controverse d’une telle ampleur. Pour cela, la consultation des populations locales est une étape essentielle qu’il ne faut bâcler sous aucun prétexte. Pour les autres chantiers contestés en France, la richesse du mouvement d’opposition de NDDL restera une source d’inspiration de par sa capacité à se renouveler continuellement en progressant ensemble et en apprenant les uns des autres en maintenant un dialogue continu à l’intérieur et à l’extérieur de la ZAD, tout en imaginant au fur et à mesure comment sortir de la société de consommation.
Longue vie à la ZAD !
Carpe DiEM25 !
Camille Coux – DiEM25 DSC Bordeaux 1

Photo Emmanuel Brossier

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