Une UE démocratique est possible mais nous devons faire plus que simplement l'imaginer

Embrassades et accolades les larmes aux yeux ; les membres du Parlement européen ont chanté les adieux à leurs collègues de Grande-Bretagne après le vote ratifiant l’accord sur le retrait de la Grande-Bretagne lundi soir à Bruxelles. Affiliation partisane ou position sur le Brexit semblaient suspendues pour la durée d’une chanson ou du moins escamotées par ce moment de sincérité et de chaleur humaine.
C’était une occasion historique et les membres du Parlement se sont levés pour l’aborder avec un geste mettant en avant le meilleur de ce à quoi la Grande-Bretagne était en train de tourner le dos : l’unité dans la diversité, la coopération transnationale et de vraies relations d’amitié forgées avec les camarades européens à travers les dernières décennies.
Pour ceux qui sont nombreux à suivre non seulement la catastrophe au Royaume-Uni mais aussi la lente désintégration de l’UE depuis la crise économique de 2008, cette occasion signe pourtant un autre chapitre profondément triste mais éminemment prédictible de l’effritement de l’ambitieux projet européen. Et cette occasion avait les marques de toute tragédie : de nombreux législateurs défaillants, mais fondamentalement bons, ont fait le deuil d’un malheur qui leur brise le cœur mais qui relève largement de leur propre fait.
Des membres du Parlement européen qui ont soutenu l’austérité, qui ont réprimé la migration et approuvé des camps de concentration sur les Îles grecques, ou qui ont coopéré avec ceux qui ont mené des politiques égoïstes pendant des décennies : ils ont tous chanté Auld Lang Syne (chanson écossaise plus connue des francophones sous le nom de « Ce n’est qu’un au revoir ») main dans la main, versant des larmes hypocrites pour cette occasion où l’UE perd l’un de ses membres. Membre qui la quitte à cause d’un référendum national demandant à son gouvernement d’en faire ainsi, décision qui a choqué bien du monde.
Mais est-ce vraiment si surprenant ? Aucune union ne peut supporter le degré d’hypocrisie et de double mesure et d’antagonismes observés à l’intérieur de l’UE depuis la crise économique qui l’a forcée à se démasquer. La gestion de la crise économique à travers la suppression de la démocratie et l’implémentation d’une austérité arbitraire (le meilleur exemple de cette pratique étant toujours la Grèce et qui se poursuit en perpétuant la dégradation de cette nation, une amère décennie plus tard), le manque de solidarité à répondre à la soi-disant nommée « crise migratoire » et maintenant par ce Brexit révélateur.
L’une des plus grandes prouesses du mécanisme narratif de Bruxelles est d’être arrivé à dessiner le Brexit comme une décision téméraire et mal-informée prise par des citoyens dans un référendum qui n’aurait pas dû avoir lieu, alors qu’en réalité il s’agit de l’échec de l’UE à convaincre les Européens que son existence est bienfaisante.
Chaque crise offrait une opportunité à l’UE de reconnaître et gérer ses défaillances, mais à chaque fois, cela a été déjoué par la suffisance typique des technocrates qui pensent mieux savoir, et par l’autoritarisme opaque des gouvernements ayant travaillé dur pour créer l’espace idéal afin de pouvoir mener leurs jeux de pouvoir sans entrave. Le besoin de l’UE d’un changement radical qui réinvente le projet plus proche de ses citoyens et leur accorde la même souveraineté sur leur gouvernement européen dont ils jouissent que sur leur gouvernement national n’a que trop tardé.
La solution pour réparer l’Europe n’est plus d’éduquer ses citoyens afin qu’ils comprennent combien Big Brother les aime, ni d’obtenir par coercition de ses citoyens qu’ils prennent la « bonne décision ». L’Europe sera sauvée en se démocratisant et en transformant l’Union en un espace d’une vraie prospérité partagée : un espace que ses citoyens ne voudront pas quitter.
Ce projet appelle tous les Européens, quel que soit leur statut de nationalité UE, à y contribuer. Nous devons identifier ceux qui font obstacle à ce progrès et devons refuser de les légitimer par notre coopération et devons reconnaître ceux que l’expérience a menés à s’opposer à l’UE.
Cette campagne a été menée durant les trois dernières années et entre maintenant dans une phase critique : Democracy in Europe Movement 2025 (DiEM25) unit des citoyens disparates, engagés dans différents combats à travers le continent sous une bannière qui peut leur donner à tous de la force : se battre pour une Union européenne unie et démocratique.
L’UE s’est constituée progressivement à la suite de la seconde Guerre mondiale : la préserver en mettant en avant les propositions pour lui permettre d’évoluer vers un espace démocratique est notre devoir à nous démocrates, humanistes et amoureux de la paix. Nous le devons au continent et à son peuple pour Auld Lang Syne.

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