99% payent, 1% récolte: l’échec du plan de la Commission européenne

Nous commencerons par les bonnes nouvelles concernant le plan de la Commission européenne (CE) « Ajustement à l’objectif 55 » [« Fit for 55 » en anglais], car cette partie est courte : elle étend la tarification du carbone à de nouveaux secteurs, notamment le transport maritime, et elle rend certains des objectifs de réduction des émissions du Green Deal européen un peu moins décevants.

Passons maintenant aux mauvaises nouvelles.

Les attentes sont toujours naturellement faibles, mais la remarquable capacité de la CE à décevoir ne connaît pas de limites. Non seulement les mesures du plan « Ajustement à l’objectif 55 » ne sont tout simplement pas suffisantes pour limiter l’augmentation moyenne de la température à 2 degrés Celsius – sans parler du seuil crucial de 1,5 degré – mais il est conçu pour accomplir ce que l’UE aime faire plus que toute autre chose : faire payer des gens ordinaires pour les péchés des grandes entreprises.

Exemple concret : un changement clé est apporté au système d’échange de quotas d’émission (ETS), ce qui signifie que les émissions des transports et du logement seront désormais incluses dans le système. Cela signifie que vous ressentirez le poids financier de la transition sur votre portefeuille lorsque vous aurez votre facture de chauffage ou que vous vous dirigerez vers une pompe à essence, tandis que les grandes entreprises des secteurs de l’agriculture et de l’industrie lourde resteront exemptées de faire leur part. Une fois de plus, le fardeau de la transition retombera sur ceux qui portent le moins la responsabilité de la crise climatique. Le plan « Ajustement à l’objectif 55 » s’adapte en réalité surtout aux 1%.

Tandis qu’ils répercutent l’ensemble des coûts d’émission sur les citoyens, la CE s’assure que leurs amis de l’industrie des combustibles fossiles continuent à engranger de gros profits alors que leurs opérations polluantes continuent de croître avec l’aide de l’argent public et le soutien sans précédent des banques privées, qui ont canalisé plus de 2 700 milliards de dollars en énergies fossiles depuis l’Accord de Paris. Aucun plan pour une élimination progressive des combustibles fossiles durs ni de feuilles de route détaillées pour les réductions d’émissions par secteur n’ont été trouvés.

Quant au logement, alors que CE soutient la rénovation des bâtiments selon les normes vertes, elle passe sous silence l’aspect peut-être le plus important : racheter les espaces vacants et les rendre abordables et aptes à l’usage. Cela peut sembler radical, mais nous pensons que mettre fin à l’itinérance et rendre les espaces de vie efficaces et dignes est une meilleure idée que de taxer les personnes qui se demandent déjà comment payer leur loyer.

Sans surprise, la CE a également peu à dire ou à offrir sur les inégalités et la création d’emplois. Leur objectif est de générer 160.000 emplois dans le secteur des infrastructures d’ici 2030, ce qui ne représente que 6,5% de la population économiquement active du bloc. Pour mettre cela en contexte, le New Deal de Franklin D. Roosevelt a créé plus de 20.000.000 emplois rien qu’entre 1933 et 1935.

La solidarité avec les pays du Sud, où les gens sont le plus durement touchés par le changement climatique, est une autre lacune. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) mettra un prix sur les importations d’acier, d’aluminium, de ciment, d’engrais et d’électricité, dans le but déclaré d’empêcher les entreprises d’abandonner l’UE pour des endroits avec des réglementations plus favorables. En réalité, il s’agit d’une tentative à peine voilée de la CE de protéger les grandes entreprises industrielles du bloc, sans tenir compte des implications mondiales plus larges d’une crise climatique causée par l’Europe et d’autres pays développés, mais qui fait des ravages dans les communautés vulnérables partout sur Terre.

La CE a au moins eu la décence de laisser tomber le mot nouveau quand ils ont coopté le terme « Green New Deal », en a effacé toute signification et a dévoilé le « Green Deal européen » en 2020. En effet, nouveau il n’est pas. Mais il n’est pas vert non plus. Quant au mot deal, on ne peut le comprendre que comme un hommage aux tractations en coulisses entre les politiciens de carrière bruxellois et les lobbyistes bien payés qui ont donné vie à ce plan désastreux.

Heureusement, il est encore temps de nous sortir du cours accéléré dans lequel la CE nous a mis. C’est pourquoi le Green New Deal pour l’Europe est la campagne la plus importante et de loin la plus urgente de DiEM25.

Au lieu de l’allocation vague et lâche de 250 à 350 milliards d’euros en une décennie que promet la CE, nous proposons des investissements concrets s’élevant à 700 milliards d’euros par an, financés par des obligations vertes émises par la Banque européenne d’investissement (BEI), et non par des citoyens déjà aux prises avec l’austérité et la pandémie. C’est plus que faisable – notre survie et celle des générations futures en dépend. Cet argent sera utilisé pour lutter contre la crise climatique d’une manière qui nous permettra également de surmonter les crises économiques, sociales et démocratiques auxquelles nous sommes actuellement confrontés. Il garantira des emplois décents, des soins de santé, un logement et une éducation pour tous, tout en prenant en compte la justice intersectionnelle, internationale et intergénérationnelle.

Le nôtre est un accord entre l’humanité et la nature, pas entre les politiciens et les oligarques.

Partout en Europe, votre voix est plus que jamais nécessaire. Apprenez-en plus sur le Green New Deal pour l’Europe, organisez-vous en rejoignant un DSC et aidez à définir le cours de notre campagne. 

L’avenir est à saisir. Profitons-en avant qu’il ne soit trop tard.

Photo (c) Mike Langridge

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