Des hommes de DiEM discutent de la masculinité et de la violence sexiste

Après le récent mois d’activité autour des violences liées au sexe et au genre, plusieurs hommes du groupe thématique DSC Genre de DiEM se sont réunis pour discuter de la façon dont les hommes pourraient faire plus dans la lutte contre les violences sexistes.

Mike : Je pense que les hommes sont émotionnellement divisés lorsque nous parlons de nous opposer à la violence masculine envers les femmes. Quand j’étais tout petit, mon père m’a appris à faire face à une blessure physique ou émotionnelle par la suppression, l’agression et la colère. Il ne voulait pas que je subisse les conséquences d’être considéré comme une « mauviette » ou une cible facile pour les brutes. Mais en tant qu’adulte, je réalise que les choses que j’ai mises en place pour « devenir un homme » font partie de la dynamique qui alimente la violence à l’encontre des femmes. C’est inconfortable !

Nicholas : Et tant d’institutions – et j’inclurais le mariage et le fait d’avoir une famille – ont tendance à nous pousser inconsciemment dans ce rôle. Nous sommes amenés à faire exactement le contraire de ce que nous voulons. Je me suis retrouvé dans le rôle « masculin » de salarié alors que ma femme était devenue une mère à plein temps. C’était profondément inconfortable, alors j’ai fermé les yeux et j’ai continué à fonctionner comme cela. 

Alexander : Il faut renforcer la lutte sexiste en permanence. J’entends souvent dire que les filles qui s’habillent en jupe courte souhaitent en fait se faire baiser, ou je vois le romanesque de la possession des femmes par les hommes être considéré comme de la « jalousie ». Lorsqu’une femme est la vedette d’une série télévisée, elle finit par être harcelée et terrorisée par un homme – vulnérable face à lui. Les relations violentes, de contrôle, entre les femmes et les hommes sont érotisées.

Olivier : La musique populaire aussi – la masculinité est symbolisée par le fait de bien gagner sa vie et d’être courtisé par les femmes. L’idéologie capitaliste est implicite et considérée comme l’état naturel des choses.

Alexander : En tant que migrant russe, j’ai vu mes amis et ma famille reproduire « ce que doit être un vrai homme » dans les clichés les plus capitalistes et patriarcaux. Les hommes migrants en situation de fragilité veulent réaffirmer leur masculinité en exagérant leurs références « d’homme fort ». 

Olivier : En tant que neurodivergent, cela m’a toujours semblé faux. En grandissant, j’ai été victimisé parce que je marchais sur la pointe des pieds « comme un danseur », parce que je montrais des émotions, parce que je n’hésitais pas à porter des vêtements multicolores. Dans mon pays d’origine, la France, nous devions nous conformer aux standards – un garçon doit être fort et agile, notamment au football. Les systèmes et les structures dans lesquels j’ai grandi ont instillé de la violence en moi.

Nicholas : Je suis sans aucun doute neurodivergent aussi, mais je n’ai jamais été diagnostiqué comme tel. Mon don musical me plaçait dans une catégorie spéciale dans ma famille, mais j’étais incapable d’y voir une carrière. De ce fait, j’ai effectivement développé simultanément la femme et l’homme qui étaient en moi, de manière assez schizophrénique. L’idée de la violence à l’égard des femmes ne m’a jamais effleuré, mais à l’âge de 26 ans, un rêve m’a montré toute la violence que je projetais inconsciemment, parce que je ne pouvais pas y prendre part moi-même. Cela a failli me faire basculer.

Mike : En tant qu’hommes, on nous apprend à tuer des parties de nous-mêmes – les parties les plus douces, sensibles, expérimentales et vulnérables – en échange de certains privilèges « masculins ». Cela nous prépare à devenir des personnes qui exerceront de la violence sur les autres, en particulier sur ceux qui présentent ces mêmes caractéristiques.

Olivier : Le binaire du genre est intrinsèque au patriarcat et au capitalisme. Et nous en voyons les terribles conséquences pour les filles et les personnes transgenres aujourd’hui.

Amadeo : J’ai l’impression d’être né féministe. En tant qu’enfant trans, tout ce que je faisais remettait en question le statu quo en termes de genre. Dans ma famille, il y avait deux matriarches très fortes, toutes deux féministes autoproclamées. J’ai commencé à faire des films à l’âge de dix-sept ans et j’ai cherché un mentor. J’ai rencontré (le cinéaste) Kenneth MacKinnon, et ce fut le coup de foudre. Il a été une figure paternelle et un modèle pour moi. Je n’ai jamais envisagé le féminisme sans y inclure les hommes qui sont prêts à se regarder en face et à remettre en question leurs traits masculins « naturels », ce qu’ils font au monde – et à eux-mêmes.

Alexander : Notre besoin le plus immédiat maintenant est d’arrêter de promulguer cette violence. Nous devons apprendre à connaître nos propres angles morts et à parler aux femmes de leurs points de vue, de la manière dont elles vivent la violence et de ce dont elles ont besoin. Nous devons cesser de blâmer les victimes de la violence et leur fournir au contraire ce dont elles ont besoin pour guérir leurs blessures. Il faut dénoncer les mots et les actions qui rabaissent les femmes dans la vie de tous les jours et dans les situations quotidiennes.

Olivier : Non seulement nous devons être des alliés dans les luttes féministes pour briser le patriarcat structurel, mais nous devons prendre le contrôle de la violence que cette société capitaliste projette en nous. Sinon, aucun d’entre nous ne sera libéré de la domination.

Amadeo : Récemment, j’ai entamé le long processus de transition de genre et je constate de petits changements avec l’introduction d’une nouvelle identité ainsi que de la testostérone dans mon corps. Je suis toujours en train de chercher, d’une certaine manière, ce que signifie être un homme. J’espère que c’est ce que d’autres hommes font, car cela semble être un travail de toute une vie. Une éducation féministe devrait être obligatoire pour les garçons, car de nombreuses questions concernant les femmes ne peuvent être résolues sans que les questions concernant les hommes ne le soient également. Je ne pense pas que le féminisme n’appartienne qu’aux femmes ni que les hommes ne puissent y participer qu’en tant qu’invités. Il s’agit d’un long processus ouvert qui doit être renouvelé en son cœur, souvent par les prémisses de ce que l’on souhaite atteindre. Je m’identifie comme un homme, mais cela ne fait pas de moi « naturellement » un chauvin.

Mike : Mon expérience m’a montré que le fait d’accepter des responsabilités ou de s’occuper de quelqu’un est transformateur. S’occuper d’enfants, de personnes âgées, de personnes handicapées ; ranger sa maison ; prendre la responsabilité de la « prise en charge émotionnelle » dans n’importe quel groupe où l’on se trouve ; mettre de l’ordre dans les affaires…

Nicholas : Je ne peux pas renoncer à être un homme. Ce qu’on me demande, c’est l’humilité de devenir plus conscient de ce que je suis et de l’accepter. Une fois accepté, cela peut devenir malléable.

Mike : Nous avons besoin d’un concept de masculinité plus ouvert, plus libre. Des frontières ouvertes. Pas celles qui sont surveillées par des couteaux, des poings et des armes à feu.

 

Cette discussion fait partie d’un échange plus long pour un programme « DiEM TV goes local » actuellement en préparation.

Michael Bosley au nom du groupe thématique DSC Genre 1

Texte traduit en français par Elise Kerremans.

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