Plan de relance: l’UE fait un quicksave

Derrière les cris de victoire entourant le plan de relance adopté mardi 21 juillet 2020 après un Conseil Européen marathon, une réalité moins glorieuse doit être dévoilée.

L’Union Européenne vient de gagner un an de stabilité… dans le meilleur des cas. 

750 milliards de dette commune auraient été à la hauteur des enjeux il y a un an, mais c’est un montant totalement insuffisant aujourd’hui. Par ailleurs la part de 500 milliards en subventions (qui ne devront pas être remboursées individuellement mais collectivement, les pays riches payant plus que les « pauvres » qui en bénéficieront) a été baissée à 390 milliards, les 360 milliards restant seront sous forme de prêts individuels à rembourser pays par pays, ce qui va à moyen terme renforcer les écarts d’endettement et, par conséquent, les dynamiques divergentes des économies européennes.

Plus grave bien sûr : les Pays Bas ont obtenu de pouvoir activer un “frein d’urgence” sur les dépenses du fond de relance, que ce soit sur les prêts ou sur les subventions, ce qui leur laisse la possibilité d’un veto à n’importe quel moment sur les sommes prévues en prêt, et de contester a posteriori les sommes prévues en subvention si elles sont soupçonnées de contrevenir aux règles de rigueur budgétaire. À qui pensait que l’ère de l’austérité a pris fin le message est donc clair : le pacte budgétaire est suspendu et pas abrogé.

Enfin, le recul a été net sur les ambitions climatiques, et les exigences de transformation écologique (déjà pas fameuses) ont encore été réduites. A titre d’exemple le fond de transition a été de réduit de 40 milliards d’euros à 10 milliards d’euros. Pire encore, le budget pluriannuel de l’UE a été baissé pour obtenir un accord (la majorité au parlement a déjà indiqué qu’elle voterait contre.Comme c’est le parlement qui a le dernier mot sur le budget, ça augure d’un sacré blocage).

Concrètement, si le capitalisme allemand a compris qu’il jouait sa survie, c’est loin d’être le cas chez les Etats qui se prétendent frugaux.

En effet : si, d’un côté, les industriels allemands sont d’accord sans ambages sur  la nécessité d’un saut fédéral pour préserver leurs débouchés, allant même jusqu’à s’exprimer publiquement sur le sujet par voie de presse, les capitalismes Suédois, Danois, Autrichien, Néerlandais et Finlandais sont toujours persuadés qu’ils peuvent survivre sans faire bloc. Il ne faut évidemment pas  se méprendre  sur le retournement allemand: ce n’est pas  une soudaine conversion aux idées de gauche. Il s’agit surtout, outre la préservation des débouchés, de pouvoir faire concurrence à la Chine ou aux Etat-Unis. .

Il n’en reste pas moins que la ligne de front a bougé. Les Pays Bas sont à présent une première ligne essentielle pour les activistes luttant pour la fin du capitalisme. A la fois opposés à la mutualisation des  dettes et partisans enthousiastes de l’évasion fiscale, ils représentent un concentré de contradictions sur lequel il faut à présent faire pression de l’intérieur et de l’extérieur.

Soyons clairs : les sommes débloquées par ce Conseil Européen, et la perspective toujours plus probable d’une deuxième vague massive du COVID-19 dans les mois à venir, nous offrent un moment de répit d’un an au maximum. A la première secousse, les débats reprendront. Sans changement de l’opinion publique aux Pays Bas et une forte remontée de la gauche pour mettre la pression sur les centristes, du PS aucune inflexion ne sera à prévoir à la réouverture des débats. Sauf à envisager une seconde vague tellement destructrice dans l’un des pays “frugaux” pour qu’il y ait un brusque réveil.

Cette affaire montre une fois de plus que sans assemblée constituante, sans une Europe répondant à la souveraineté populaire, nous ne serons pas en mesure de faire face aux défis actuels.

Car il ne s’agit là encore que d’une petite secousse : chaque 0,1° de réchauffement climatique que nous subirons dans la décennie à venir promet des crises plus graves encore. Les décisions transformatrices se prennent au niveau transnational, c’est à présent une évidence. Or répondre aux crises sanitaires ou environnementales requiert non pas un repli de cette sphère transnationale, mais bien une coopération renforcée.

Cependant, cette coopération est impossible tant que les intérêts des classes supérieures priment sur tous les autres. Il y a donc urgence à défendre les intérêts populaires partout, et à fédérer ces mouvement de défense pour renverser le rapport de force actuellement largement en faveur de la classe supérieure européenne. Une union des classes populaires européennes est une condition essentielle à la prise de décision audacieuses pour assurer notre avenir.

Avons-nous donc vécu un moment historique ? Si repousser les problèmes à plus tard est historique alors profitons à plein de notre sauvegarde automatique, parce que le niveau de difficulté sera autrement plus élevé dès la fin de l’accalmie.

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