La gauche échoue par manque de compréhension de la diversité des sujets révolutionnaires

Pour saisir le moment, il faut comprendre les façons dont se recoupent diverses formes d’oppression

Cet article est une réponse à « Pourquoi la politique identitaire tue la gauche » comme une personne sous-représentée, marginalisée et vulnérable au sein des mouvements dirigés par des hommes. Une représentation égale ou diversifiée dans les mouvements n’assure pas automatiquement la même capacité de participer et de décider.

L’article récent portant sur le « Pourquoi la politique identitaire tue la gauche » a soulevé deux sujets: (1) comment les symboles ne changent pas les conditions matérielles des gens, ni  (2) les politiques identitaires, mais n’a pas réussi à argumenter ou nuancer davantage. Ceci est problématique car le titre de l’article blâme directement la politique identitaire comme étant la disparition de la gauche sans aucune réflexion supplémentaire.

Les signes et symboles, bien que « vides », ne sont pas inutiles.

Se débarasser des  signes et symboles et les qualifier de  « vides » c’est ignorer et effacer complètement la façon dont nos camarades et alliés aux États-Unis, en particulier les mouvements populaires noir et LGBTQ+ et les gens du monde entier ont contribué à la lutte pour garantir des positions politiques et des stratégies dont nous bénéficions tous. N’oublions pas que, sans l’autonomisation symbolique à travers Trump, la suprématie blanche et le fascisme aux États-Unis n’auraient pas autant progressé. Le symbolisme associé à Trump et le « Trumpisme » ont conduit aux terribles événements actuels aux États-Unis, notamment plus récemment l’assaut du Capitole, et s’est également répandu partout dans le monde comme au Japon, en Inde, et d’autres endroits entre les deux.

Sans le manque de nuance dans l’article d’origine, je considère qu’il y a de la valeur dans la signification symbolique « vide » du fait d’avoir, ne serait-ce qu’en soi, une femme en position de pouvoir, un BIPOC dans les espaces décisionnels, une LGBTQ + personne sur les podiums, ou des personnes ayant des capacités différentes ou neurodivergentes prononçant des discours clés. C’est une réalité dont les membres privilégiés de la société, en particulier les hommes cis-hétérosexuels (blancs, valides, neurotypiques ou passant comme tout ou partie de ceux-ci), ne se rendent pas compte ayantété représentés dans tous les espaces et tous les milieux tout au long de leurs vies. La représentation et les symboles importent beaucoup pour ceux qui ne sont presque jamais représentés du fait que la réalité selon laquelle plus de la moitié du monde n’est pas constituée d’hommes cis-hétérosexuels ne se reflète nulle part ailleurs.

Dire que les symboles vides sont inutiles ne problématise pas la façon dont nous définissons les symboles et les objectifs que nous utilisons pour nous informer. Par exemple, nous ne rejetons pas la démocratie parce qu’elle est devenue davantage une question de politique électorale, mais nous luttons consciemment pour définir et redéfinir ces « symboles » et les moyens de refléter un monde enraciné dans la justice et l’équité.

La lutte mondiale

Les mouvements sont passés des groupes organisés localement à un plus grand réseau d’unité partout dans le monde s’orientant vers une lutte mondiale pour la justice et le changement. Cela a été provoqué par diverses formes d’oppression qui n’ont cessé d’étendre leurs mécanismes et leur portée. Cela a été fait de manière plus insidieuse qu’avant et en mettant a nu des siècles, voire des systèmes millénaires, qui lui ont donné sa place dans l’histoire de l’humanité.

Les protestations et le boycott contre Amazon sont un exemple de la large portée et des différentes expressions d’oppression qui ne sont pas liées à la classe sociale seulement. Cela peut être analysé à travers les distinctions des problèmes intersectionnelles. Nous ne pouvons affirmer avec conviction que les expériences de travailleurs et propriétaires de petites entreprises en Inde et partout dans le monde qui ont rejoint les manifestations (#MakeAmazonPay) des travailleurs américains ont des conditions et des expériences d’oppression similaires. Ce n’est pas parce que les gens se réunissent sous une même bannière que cela efface leur problèmes intersectionnels car c’est précisément dans ces différences que des alliances sont nécessaires au premier plan pour mener la lutte.

Les mouvements qui étaient pour la plupart fondés sur la classe sociale ont toujours été étroitement liés à la race et au sexe, tandis que d’autres différenciations qui ont été laissés pour compte au sein de la lutte sont continuellement exposées alors que nous nous battons pour notre place dans le monde, et même à la table de la « classe sociale uniquement ». En l’absence de partage de cet espace auquel nous avons également contribué et porté sur le dos, nous créons le nôtre.

Le manque de compréhension de la diversité des sujets révolutionnaires est ce qui a fait échouer la gauche

Dans la sincérité et l’empathie envers la lutte pour la justice et le changement, nous nous alignons pour nous aider et nous informer mutuellement pour être plus forts et meilleurs alors que l’ennemi s’est lui aussi continuellement transformé. Les espaces de dialogue, de collaboration, malgré la non-homogénéité évidente de tout groupe de personnes, sont des espaces où chacun de nous est responsable de manière mûre, transparente et responsable. Le manque d’expériences violentes partagées et des générations de traumatismes et d’oppression ne devraient pas être un problème lorsque l’empathie et la sincérité dans le traitement de ces problèmes sont au cœur du mouvement, et non la lutte pour le pouvoir.

Si nous ne reconnaissons pas les développements de la théorie sociale, nous ne serons pas en mesure d’expliquer comment les travailleurs peuvent être opprimés au 21ème siècle alors que le travail matériel dans de nombreux domaines de l’économie n’existe plus. Et dans la mesure où beaucoup s’accordent a dire que nous ne devrions pas être opprimés sur la base de notre sexe, de notre genre, de notre race, de nos capacités, de notre neurodiversité, l’aveuglement face à notre propre sexisme potentiel, la misogynie, le racisme, le capacitisme, etc., remplacent le travail réel qui doit être fait pour éliminer ces oppressions auxquelles le reste de leurs alliés est confronté.

La politique identitaire et le féminisme intersectionnel nous font avancer

Afin de comprendre et de rester politiquement pertinent dans la lutte, il faut se rendre compte que les intersections des oppressions sont importantes à mettre en avant, et saisir l’instant – pour s’informer, ou à défaut prendre du retard. Il faut savoir que les identités seules n’équivalent pas à l’émancipation pour tous et que l’identité en soi n’est pas la fin de la discussion. Si l’on comprend vraiment la politique identitaire et le féminisme intersectionnel, c’est du bon sens. Seuls ceux qui se battent pour combler les lacunes au sein des discussions qui sont également présentes dans toutes les théories politiques sont soit extrêmement mal informés, soit se dressent volontairement contre des alliés dans une question socio-politico-économique complexe au lieu d’attaquer l’ennemi commun.

Si un cadre ou une théorie a été coopté par des puissances hégémoniques, cela ne signifie pas que le cadre est le problème. Nous problématisons la cooptation qui a précisément été réduite à des « symboles » ce qui, encore une fois, ne signifie pas que les symboles sont inutiles. Ils le réduisent précisément parce qu’ils savent à quel point les symboles sont puissants. Gramsci parle de l’hégémonie et de la formation de l’opinion publique, faisant beaucoup allusion aux symboles.

Il n’y a pas de solution simple ou globale. C’est dans ces différences que nous nous engageons à tout combattre, partout, ensemble.

Même parmi les personnes qui partagent des conditions matérielles similaires, il y a des différences, et la seule réalité qui est vraiment partagée entre ces personnes aux conditions matérielles et aux identités politiques différentes est l’oppression.

Les opinions exprimées ici sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les politiques ou positions officielles de DiEM25.

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